lundi 30 janvier 2023

San Francisco, été 1903, douze capitaines de voiliers français fument le cigare et se font tirer le portrait... par Thomas H. Wilton.

 

San Francisco, été 1903, pas moins de douze voiliers français font escale en même temps dans la baie...

De ces escales californiennes il nous reste des récits de longues traversées et des images parmi lesquelles des portraits d'équipages. Souvenirs de voyages, ils témoignent d'une époque où la durée des navigations s'estimaient en années.

Sur ce portrait, les douze capitaines Français posent fièrement, fumant le cigare et semblent profiter d'un moment chaleureux. La singularité de ce cliché provient du fait qu'il est signé du nom de chacun des capitaines suivi du nom de leur navire. Cela lui confère une valeur historique particulière.

En 1903 la flotte de grands voiliers cap-horniers français était à son apogée en terme de nombre de navire. Les lois des primes à la construction et à la  navigation de 1893 avaient encouragé les constructions de plus de 200 voiliers en à peine une dizaine d'années, jusqu'au 31 décembre 1902. 

Pour faire naviguer cette armada il fut nécessaire de former de nombreux jeunes officiers et de recruter un nombre considérable de marins. On le voit sur l'image, la majorité de ces hommes ont à peine 30 ans...

Si cette période a permit d'écrire l'une des plus belle page de l'histoire de la marine marchande française ; la rudesse des navigations dans les parages du Cap-Horn, les difficultés liées à la manœuvrabilité des tels navires et les ravages de la première guerre mondiale sur mer ont eu pour conséquences de provoquer un nombre élevé de catastrophes maritimes, parfois fatales pour les équipages...

A titre d'exemple, sur les douze trois-mâts cités sur le portrait, sept furent victimes d'évènements de mers au cours de leurs carrières, dont trois pour faits de guerres.

Anjou, Duchesse de Berry et Brizeux firent naufrages, les équipages survécurent.

Biarritz fut détruit par incendie et dut être abandonné, l'équipage survécut.

Dupleix, Anne de Bretagne et Emma Laurens furent coulés pendant la première guerre mondiale, les équipages furent sauvés.

Léon Bureau, L'Hermitte, Jacobsen, Suzanne et Alice échappèrent aux dangers.

Les voyages au long cours cap-horniers ont disparus au fil du temps après l'ouverture du Canal de Panama et suite aux conséquences de la grande guerre. L'évocation par l'image de ce que fut cette épopée demeure un élément incontournable du patrimoine maritime français.

Si la France n'a pas sut conserver l'un de ses voiliers comme symbole, il demeure ces archives et la volonté de faire vivre cette mémoire du long-cours à la voile.

Et il n'est pas trop présomptueux d'affirmer que douze capitaines partageraient cet avis... en fumant chacun un cigare, bien sûr !

Liste des capitaines signataires et nom de leur navire :

Capitaine Gaultier de Kermoual trois mâts carré Duchesse de Berry de Nantes

Capitaine La Tallec du trois mâts barque Anjou de Nantes (tout à droite au premier rang, main gauche sur le genou)

Capitaine Gourio du trois mâts barque Brizeux de Nantes (de profil au premier rang)

Capitaine d'Héronval du trois mâts barque Jacobsen de Dunkerque

Capitaine Richard du trois mâts carré Léon Bureau de Nantes

Capitaine Lemerle du trois mâts barque Dupleix de Nantes

Capitaine Brégeon du trois mâts barque Anne de Bretagne de Nantes (à gauche au second rang avec la canotier sur la tête)

Capitaine Tissier du trois mâts barque Alice du Havre

Capitaine Condroyer du trois mâts barque Suzanne du Havre

Capitaine David du trois mâts barque Emma Laurans du Havre

Capitaine Guéno du trois mâts barque L'Hermitte de Dunkerque

Capitaine Gaudin du trois mâts carré Biarritz de Bayonne

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